Sunday, June 30, 2024
La France vote aujourd’hui – et les banques se préparent à une méga-crise
Mercure
La France vote aujourd’hui – et les banques se préparent à une méga-crise
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Les marchés financiers tirent la sonnette d’alarme
La BCE dispose d'un instrument dans son sac si la France sombre dans une crise financière après les élections d'aujourd'hui. Mais sera-t-il vraiment utilisé si les marchés financiers se retournent contre la France ?
Paris - Les mots "Parce que c'est la France" ont été utilisés par Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission européenne, en 2016 pour justifier la décision de Bruxelles d'accorder à nouveau à la France la clémence en matière de règles budgétaires. Mais cette indulgence pourrait changer si les nouvelles élections en France le 30 juin aboutissaient à un gouvernement eurosceptique d’extrême droite. Les experts craignent qu'une telle confrontation avec Bruxelles puisse déstabiliser l'ensemble de l'union monétaire et affaiblir l'euro. Bruno Le Maire, le ministre français des Finances, met même en garde contre une possible crise financière à la suite de nouvelles élections.
Les banques mettent en garde contre une crise de l'euro après les élections françaises de 2024
Les risques pour les obligations d’État françaises augmentent, comme l’explique Thomas Gitzel, économiste en chef de la VP Bank du Liechtenstein : « L’incertitude sur les marchés financiers s’est accrue, comme le montrent le taux de change de l’euro et les primes de risque sur les obligations d’État françaises. obligations. » Après l'annonce de nouvelles élections, les primes de risque (spreads) sur les obligations d'État françaises ont augmenté jusqu'à 30 points de base par rapport aux obligations fédérales allemandes d'une durée de 10 ans. « Les spreads ont atteint leur plus haut niveau depuis la crise de la dette européenne en 2011. »
Le parti d’extrême droite Rassemblement national (RN), dirigé par Marine Le Pen, a promis de respecter les règles européennes énoncées dans le Pacte de stabilité et de croissance. Mais il reste à déterminer si ces projets de dépenses coûteux pourront être financés sans violer les règles européennes en matière de dette. Se pose également la question de savoir si la Banque centrale européenne (BCE) devra intervenir si les marchés financiers se retournent contre la France. Holger Schmieding, économiste en chef de la Berenberg Bank, met en garde contre ce scénario : « Si un pays peut simplement ignorer les règles et obtenir l’aide de la banque centrale, de nombreux doutes surgiront quant à la valeur future et à la cohésion de l’euro. »
La BCE se prépare à réagir après les élections d'aujourd'hui en France
La BCE dispose d’un instrument d’achat d’obligations jusqu’alors inutilisé appelé « Transmission Protection Instrument » (TPI) qui peut être utilisé pour soutenir les pays individuels en difficulté. Grâce à cet instrument, la BCE pourrait soutenir la France en achetant de manière ciblée ses obligations d'État et empêcher une divergence des coûts de financement des différents États de la zone euro. Toutefois, l’application du TPI nécessite que les pays concernés satisfassent aux exigences de l’UE en matière de budgets nationaux.
L'économiste en chef de la BCE, Philip Lane, a déclaré à Reuters que les mouvements du marché obligataire français ne semblaient pas « désordonnés ». Cela signifie qu’ils ne remplissent pas l’une des conditions d’intervention de la banque centrale. Cependant, Ewald Nowotny, ancien membre autrichien du Conseil des gouverneurs de la BCE, peut imaginer que la BCE interviendra si la situation devient critique : « Il est bien sûr possible que Francfort intervienne si les problèmes avec la France ont des effets externes négatifs sur d'autres pays. comme l’Italie l’aurait fait.
La politique de la dette de Macron critiquée : l'UE engage une procédure contre la France
La Commission européenne envisage de poursuivre la France en raison de son endettement élevé. Le gouvernement centriste du président Emmanuel Macron n’a jusqu’à présent pas réussi à contenir la dette nationale croissante. La Commission européenne engage donc des poursuites pour déficit excessif contre la France, mais aussi contre l'Italie et d'autres pays. Au terme de ce processus, les amendes pourraient théoriquement se chiffrer en milliards. Gilles Moëc, économiste en chef du groupe AXA, note : « Le fait que la France soit à nouveau menacée de poursuites pénales européennes pour surendettement rappelle que le pays n'a plus de marge de manœuvre financière. »
L’UE accorde depuis longtemps la clémence à la France, qui connaît depuis 25 ans d’importants déficits budgétaires en vertu des règles européennes. La crédibilité de la politique financière française est donc déjà en jeu face à un éventuel virage à droite à Paris. Pour 2023, la deuxième économie de la zone euro connaîtra un déficit de 5,5 % de sa production économique. Une baisse de 5,3 pour cent est attendue cette année. Toutefois, les règles de l’UE en matière de dette ne prévoient qu’une limite supérieure à trois pour cent. Deux agences de notation ont déjà dégradé la solvabilité de la France.
Jeromin Zettelmeyer, directeur du groupe de réflexion Bruegel à Bruxelles, ne croit pas que la rhétorique précédente du RN laisse présager une confrontation majeure avec la Commission qui pourrait déclencher une crise financière.