Sunday, December 1, 2024

Article invité d'Ahmad Mansour – Ignorance absurde ! Merkel ne blâme pas les réfugiés, mais nous

Article invité d'Ahmad Mansour – Ignorance absurde ! Merkel ne blâme pas les réfugiés, mais nous FOCUS-en ligne-Ahmad Mansour • 18 heures • 4 minutes de lecture 9 septembre 2015, Berlin : la chancelière Angela Merkel (CDU) s'est elle-même photographiée avec un réfugié pour un égoportrait après avoir visité un centre d'accueil pour demandeurs d'asile. Même trois ans après son départ de la Chancellerie, Angela Merkel ne porte pas de jugement critique sur l'une de ses décisions importantes. Sa position sur la décision de ne pas fermer les frontières aux réfugiés en 2015 n'a pas changé. Même avec le recul, Angela Merkel ne se permet pas de douter du dilemme moral de l’époque. Ce qui est particulièrement frappant est leur compréhension de l’intégration comme une obligation pour la société d’accueil. Les attentes quant à une réflexion plus approfondie sur ce sujet n'étaient de toute façon pas grandes - et pourtant on est quand même déçu. Merkel, la frontière et les réfugiés Plus de neuf ans se sont écoulés depuis que Merkel a pris la décision historique de ne pas fermer les frontières aux réfugiés. À l'époque, l'ambiance en Allemagne était différente : des milliers de personnes se tenaient dans les gares avec des pancartes comme « Bienvenue », lançaient des ours en peluche et proposaient d'accompagner les réfugiés – voire de les emmener entre leurs quatre murs. L’Allemagne voulait montrer au monde qu’elle est une société ouverte et tolérante, prête à assumer ses responsabilités et à vivre l’humanité. Mais bien des choses se sont passées depuis. Plusieurs réfugiés ont trouvé un nouveau foyer en Allemagne, mais beaucoup d'autres sont arrivés physiquement, mais pas émotionnellement. Les débats sur la criminalité, les agressions sexuelles du Nouvel An 2015 à Cologne, l'antisémitisme et l'islamisme ont eu un impact majeur sur la perception du public. Les expulsions, les contrôles aux frontières, les municipalités débordées et la diminution de l’acceptation sociale dominent aujourd’hui le débat sur la migration. L'Allemagne est plus divisée que jamais L'enthousiasme initial s'est transformé en désillusion. L'euphorie et l'engagement collectif de 2015 ont fait place à de profondes divisions sociales. Quand vient le temps de gérer la migration, l'Allemagne est aujourd'hui plus divisée que jamais. La réalité nous a dépassés depuis longtemps ! Le fait que des passeurs avides et sans scrupules décident désormais qui reçoit l'asile ici soulève des questions. Il y a aussi un problème où l'identité des demandeurs d'asile peut difficilement être vérifiée en l'absence de passeports et de papiers. Et ceux qui ont réellement besoin de protection, notamment les femmes et les enfants, ont actuellement peu de chances d’atteindre l’Europe en tant que demandeurs d’asile. Nous savons aujourd'hui que les expulsions ne sont possibles que dans une mesure limitée et qu'en 2015, de nombreuses personnes ont profité de la situation confuse et floue pour se joindre à la République fédérale en provenance de pays tiers sûrs. Attirés par la prospérité, le travail et l’État-providence, de nombreuses personnes voyagent encore à travers les pays voisins. Une dizaine d'années plus tard, c'est clair : on doit y réfléchir de beaucoup plus près et décider qui, pourquoi et d'où vient entrer dans le pays. Les statistiques sur la criminalité révèlent des tendances inquiétantes Les drapeaux rouges se multiplient depuis des années. Les organismes de sécurité avaient aussi critiqué cette décision à l'époque. En matière de politique migratoire, les politiciens du monde entier parlent des erreurs historiques commises par l’Allemagne depuis 2015 jusqu’à aujourd’hui. Les statistiques sur la criminalité révèlent des tendances inquiétantes, alors qu'en même temps un sentiment subjectif d'insécurité grandit chez de nombreuses personnes. L'augmentation des attitudes antisémites au sein de la population est effectivement mesurable, surtout depuis le 7 octobre 2023. Les écoles sont débordées et les communautés juives ne se sentent plus suffisamment protégées. Cela va de pair avec la montée de la radicalisation islamiste, y compris parmi les réfugiés : de vrais problèmes qui doivent être abordés ouvertement. Mener ce débat de manière purement morale, comme le fait présentement Merkel avec son livre « Liberté » – en noir et blanc, le bien et le mal – ne nous mènera nulle part. Les peurs et les inquiétudes ne doivent pas être taboues. Il ne sert à rien d'accuser par réflexe tous ceux qui critiquent la politique migratoire de « racisme ». Il faut le courage de tous les démocrates pour aborder ces questions, notamment pour cesser de faciliter la montée des forces radicales de droite. Parce que le silence que Merkel et ses partisans ont créé en présentant sa décision selon laquelle l’immigration est sans alternative, comme la seule réponse morale, mène à la radicalisation de la société. Une radicalisation qui devient chaque jour plus visible. Merkel : L'intégration est la responsabilité de la société majoritaire Sur cette question, Merkel semble étrangement hier, comme quelqu'un qui s'est retrouvé coincé en 2015 et n'a pas suivi le débat public en Allemagne ces dernières années. Aujourd'hui, une partie des Verts et du SPD les ont dépassés à droite dans ce dossier.